Veux-tu bien nous parler de « RouJ’ de Cœur », l’un des titres de l’E.P. « Stand Up ! » ?
Avec joie ! Une fois le Cd Flot Bleu finalisé (2016), et qui était un message d’appel global pour rejoindre Kaya, on voulait que l’album suivant soit spécifique à l’épisode 1 du roman Kaya Dove 1 de Pierre Lassalle. Or, s’il y a une couleur qui en ressort, c’est le rouge ; on pensait d’ailleurs appeler l’Album Rouge. Mais en rentrant un peu plus dans la couleur, on a ajouté rouge « de cœur », car c’était plongé dans l’action, très fort, intense, et en même temps très « cœur » : c’est pour ne jamais oublier qu’à l’arrière-plan du rouge dynamique, il y a toujours les valeurs du cœur.
Est-ce avec cette chanson que votre E.P. s’est lancé ?
Oui, mais c’est même plus global… Flot Bleu était une première expérience avec des personnes plus extérieures au projet je dirais, et une fois parties, ce fut un bouleversement, comme si l’on recommençait un peu tout ! Cela dit, avec Plume (alias Céline Lassalle), on n’a jamais rechigné à faire table rase de tout, en ce cas-ci, à repartir de nous deux. Le grand lancement, c’est quand Plume a rédigé la présentation du projet MusiKaya, en été 2018 : c’était comme une perspective, et en même temps, c’était parfaitement vrai, présent et illimité ! Cela donnait l’impression d’avoir toujours été là, mais d’être l’accouchement d’un futur ! Plume l’écrivait en même temps que je travaillais sur RouJ’ de Cœur justement : on se disait qu’on allait sûrement accoucher en même temps ! (Rires) Cette chanson est celle qui a vécu le plus de choses…
Ces « choses », ce sont des renaissances comme tu disais ?
Oui, voilà, nous sommes reparties de notre duo créateur avec elle et elle a donc subi beaucoup de transformations jusqu’à la naissance de l’E.P. en 2019 ! Sa première version a eu lieu l’été 2018. Cet été-là, à six semaines d’un festival où cette chanson, accompagnée de deux autres, devait sortir, il n’y avait… rien ! Enfin si, le texte existait, et dès que je l’ai lu j’ai voulu le mettre en musique ! J’avais essayé des mélodies, mais elles ne correspondaient pas du tout ! Moi, j’étais encore dans le bleu de Flot Bleu… j’étais perchée là-haut ! (Rires) Il a fallu que je passe par des étapes fortes, pour vraiment descendre dans le rouge !
Qu’appelles-tu « descendre dans le rouge » ?
Eh bien, étant donné que Plume écrit mon futur (en quelque sorte), RouJ’ de Cœur était ce que j’avais de mieux à vivre, là où j’en étais à ce moment-là ! Or, j’avais une grande insécurité par rapport au fait d’être incarnée sur terre, comme si c’était une des plus grandes problématiques de ma vie… et en une chanson, il s’agissait de la résoudre !
Créer les musique et mélodie de RouJ’ de Cœur, c’était donc une promesse de résolution d’un problème : l’as-tu compris au début, ou cela s’est-il révélé à toi en créant ?
C’est au fur et à mesure de la création ! C’est comme si tout du long, ce problème est partout, et une fois que c’est fini, je me dis : « Ah c’est ça, j’étais encore dans le bleu ! » Donc je composais un rouge très…
… Pastel ?
Oui ! (Rires) Ce n’était même pas du rouge, c’étaient des petits ballons et je m’envolais avec eux…
En termes de mélodies ?
Oui, c’était joli, mais complètement éthéré !…
Ce n’était donc pas en phase avec le texte ?
Voilà ! J’ai donc fait une étude intérieure sur la couleur rouge : cela a été d’une force… ! A la fin, j’avais l’image magnifique d’une chanteuse qui se saigne pour donner à ses frères et sœurs. Je me souviens avoir partagé cette image à Plume, qui m’a répondu : « Oui, dans l’idéal, c’est bien ce qui est, et ça le sera ! »  Wow… je trouve cela génial entre nous : on peut arriver à des images les plus folles, mais réalistes, car c’est complètement réel : on se dit, c’est très loin, mais il n’y a pas moyen d’oublier que c’est ce qui nous guide dans la manifestation. J’avais donc cette grande image très élevée, et ensuite c’est tout le chemin pour en manifester un petit bout ! C’était comme faire « descendre » … moi ! dans la matière, sentir mon corps, mon lien à la Terre, et donc, enlever plein de voiles derrière lesquels je me cachais.
Est-ce en t’entraînant aux mélodies que tu t’en rendais compte ?
C’est plus avec le recul, maintenant… C’est comme si je n’étais pas vraiment là : ni dans le ciel, ni sur terre. J’avais des mélodies très aiguës, avec un piano assez lourd, alors Plume m’a percée à jour et m’a dit : ” Il faut vraiment que tu te détaches de ton passé!” Eh oui ! Je me suis donc déconditionnée de l’image que j’avais du piano, car en effet, j’avais encore pleins de rêves et d’habitudes passées par rapport à lui, que j’ai enlevées, pour lui donner un nouveau rôle, avec des mélodies bien plus ancrées.
Quelle est la différence entre un jeu de piano lourd et un jeu ancré ?
Disons qu’il était beaucoup plus près du texte ! Un exemple simple : le texte commence par « Debout » …
Ah oui… il vaut mieux avoir la terre sous les pieds !
Oui ! (Rires) Et le nombre de fois où Plume m’a répété : « Là, je n’ai pas envie de me lever… » ! Difficile, en deux syllabes, de donner envie à des êtres de se mettre debout vraiment, et surtout librement et intérieurement ! Plume a utilisé plein de subterfuges pour me faire sortir ce rouge et ce « debout », libérer leurs chaînes ! J’ai vécu des expériences très fortes pour vraiment incarner ce message.
Qu’est-ce qui t’a permis de vivre ces expériences fortes ?
C’est un ensemble, mais surtout : six semaines avant l’échéance de sa mise au monde prévue, avec Plume on est face à ce constat qu’il n’y a … rien ! Et au bout d’un moment, elle me sort : « En fait tu as besoin d’une méthode ! » Génial ! Oui, une méthooode ! Cela me paraissait être, en soi, the solution, lumineuse. Il s’agissait de vivre le texte en méditant dessus pendant quatre semaines, pour que sa source, son essence, puisse descendre en moi, éclairée par mes compréhensions, purifications, et que les sons adviennent à leur rythme, en lien avec la sagesse du texte dont mon cœur spirituel serait l’écrin sacré et volontaire. Cela me demandait de maintenir une grande foi, pour ne pas me laisser insécuriser par la pression de l’échéance !
C’était quand même quitte ou double…
Oui ! A la fin de notre entrevue, j’ai poussé Plume à me dire ce qu’elle pensait de cette situation et solution ; je me souviens de sa réponse, un croustillant mélange d’une très, très grande confiance, et en même temps, « Il faut que ça commence… now ! » On n’avait pas un jour de plus, c’était quatre semaines pile ! pour pouvoir les donner aux musiciens, qu’ils aient deux semaines (ce n’est pas trop !) pour s’entraîner à les jouer !
Et alors, cette méthode… ?!
C’était fulgurant ! Ce que je vivais à l’intérieur se projetait à l’extérieur simultanément ! A ce moment-là, je n’avais plus de logement, et le directeur de la salle du festival me dit : j’ai une maison inoccupée, si tu veux, tu y passes le mois ! Incroyable, merci ! J’étais à l’étage, et au rez-de-chaussée c’étaient des bureaux : du jour où je suis entrée, la connexion internet a défailli, et ils n’ont plus mis les pieds de tout le mois ! J’étais libre de jouer ma musique de huit heures du matin à dix heures le soir ! Et, comme il faisait chaud, j’ouvrais les fenêtres et je chantais fort… oui, car j’essayais plein de choses pour sortir le rouge, ou le faire entrer, je ne sais pas dans quel sens !?… (Rires) Et je répétais environ 683 fois par jour Rouuuge de Cœur ! J’ai fait le tour des voisins, et tous m’ont dit ne pas m’entendre… alors que je chantais à tue-tête, fenêtres ouvertes ! C’était une bulle de protection magique… due à l’étude intérieure, au lien à la Muse, incroyable ! Cela a duré un mois : le 31 août je quittais les lieux, et pile la chanson était finie !
Fascinant ! Cette chanson marque donc beaucoup l’aspect libération…
Oui, libération par la transformation plus, plus, plus ! En fait, elle a deux volets : d’abord, c’est soi, l’individu, « Debout Cœur de Lumière », puis, c’est « Toi & moi », jusqu’à « Ensemble ». On passe du je au nous. Or, j’étais justement dans une expérience de groupe, avec une équipe désorganisée, et j’avais du mal à ressentir l’espérance du nous. Cela a mené à des discussions sur l’espérance qui m’habitent encore… comme si je me disais : il faut que cela passe par telles formes, telles personnes, tel groupe, et si cela ne marche pas comme moi-je le veux, oups, alors je perds l’espérance que la victoire de groupe est possible. Et comme je vivais une sorte d’échec de groupe, quand je chantais « Toi & moi portons le flambeau », cela ne faisait pas très flambeau !
  • Anne Cariou Feu d'Or piano
Plutôt style pétard mouillé !?…
(Rires) Et, à force d’entendre ce « Toi & moi » pas très flamboyant, Plume me lance the question cash : « Mais, est-ce que tu y crois à la fraternité ?! » – Bouhouu… Et comme nos délais étaient très courts, j’avais intérêt à croire très vite en la fraternité, sinon il n’y avait pas de RouJ’ de Cœur, et tout tombait à l’eau ! En fait, le plus important, c’est de se dépasser, maîtriser ses peurs et ses fausses croyances, pour qu’au moins on ne soit pas un obstacle à cette espérance, en tout cas pour ceux qui ont envie d’y croire !
Et il s’agit d’être habitée de cette espérance, au-delà du simple fait de chanter la chanson : toi, tout le temps, tu dois avoir conquis cette espérance ?!
Oui, c’est ça ! On parle d’idéaux éternels, or on est emprisonné par des croyances, des choses éphémères, superficielles, etc., alors on aspire fort, on a envie d’entendre, voir et rencontrer des gens qui croient à des choses éternelles, se dire justement : ça c’est pour toujours ! Je pense que c’est une des caractéristiques de MusiKaya : c’est à la fois très précis et en même temps, tellement large, tout est infini !
Pour RouJ’ de Cœur, avec ces difficultés de coller au texte, le nous, l’incarnation, qu’est-ce qui a débloqué la situation ?
Ce même été, pas encore très « rouge », un soir, alors que j’avais refait toute la partie piano, je l’envoie à Plume, qui me répond : « C’est la même chose que ce que tu m’as envoyé hier… »  Alors là, c’est the « choc » ! Je me suis dit, là c’est fini, la prochaine fois que je lui offre un travail, je veux que ce soit une « réelle » transformation !… ce à quoi elle me renvoyait, évidemment. Donc je me suis à nouveau reliée à la Muse, en la priant de m’aider à tout renouveler ! En réponse, c’est comme si Elle me disait de ne pas chercher un truc extraordinaire, mais de me faire confiance. C’était très doux autant que radical et accompagnant… Deux jours après, quand j’ai renvoyé mon morceau, Plume me dit : « Wow ! Tu m’as carrément retourné la tête !! »« Yes ! » Victoire.
Et l’étape suivante pour RouJ’ de Cœur ?
Eh bien, nous nous sommes à nouveau retrouvées seules (après le festival où nous avions fait jouer quelques musiciens), et nous nous sommes aperçues que nous avions collé une étiquette sur RouJ’ de Cœur, en l’imaginant être notre « hymne » sur le futur Album, jusqu’au jour où nous avons décidé que non : cela lui a enlevé une pression inutile, et j’ai pu le refaire complètement, en gardant la mélodie voix, mais en libérant totalement le piano, qui est assez original…
Pourquoi original ?
C’est surtout dans la dernière partie du morceau. Plume me dit un jour : « Avec tout ce qui s’est passé, ce que tu as vécu, tu ne peux pas chanter ce refrain de la même manière, il faut que la fin soit vraiment différente ! » Ok. Je suis donc allée chercher des sons très originaux. Sincèrement, j’ai toujours un petit quelque chose à part pour cette chanson : elle est très simple et en même temps elle a traversé tant de choses, et il n’en reste que l’aspect très original et très libéré !
Que n’y avait-il pas dans ta nature avant RouJ’ de Cœur et qu’il y a désormais… et qui est finalement la chanson incarnée ?
Plein de choses ! C’était le premier « cobaye » : une fois cette chanson accomplie avec la méthode, j’ai gagné une super confiance dans ce processus en quatre semaines, et dans la méditation créatrice de Pierre Lassalle : c’est devenu un nouveau mode de vie !
Qu’est-ce qui a été la victoire majeure liée à cette application méthodique ?
Il y a eu le fait que je réussisse dans les temps. Mais c’est surtout la correspondance entre le texte et la musique !! Avant, j’essayais d’interpréter le texte, alors que là, je jouais le texte vivant en moi, dont j’étais pleine ! Rien à voir ! Cela crée un effet super puissant dans la sororité avec Plume : on se sent « sœurs », au service d’une même source spirituelle d’inspiration, même si nos arts sont différents. Cela crée beaucoup, beaucoup de confiance, de communion, qui n’a d’ailleurs cessé de devenir plus profonde, quasi indescriptible, hyper rapide et puissante ! C’est un tel point de compréhension, limite surnaturelle à exprimer : ce que Plume donne avec les mots est l’idem exact de ce que je donne avec la musique ! C’est fou.
Votre relation évolue aussi à mesure de l’implication commune dans ce projet ?
Oui, absolument ! A moins que ce ne soit notre relation et son essence qui fassent évoluer le projet… ? Ou tout l’ensemble qui évolue de concert !? (Rires) En fait, comme Plume a bien plus d’expériences en Poésie que moi en Musique, c’est comme si la Poésie entraînait et enseignait la Musique, ou quelque chose du genre… Et l’usage qu’elle a du Verbe est tel, qu’il a un effet très, très spécial, sur moi, c’est certain ! Que ce soit quand elle me parle ou m’écrit, cela rentre vraiment en moi ! Cela peut sembler anodin, mais ce ne l’est pas en termes d’amour et de créativité : chaque fois que j’écoute la fin de RouJ’ de Cœur, je m’émerveille comme c’est vivant, super original… et ça, c’est parce que Plume m’a dit si simplement et justement : « Non, ici, cela ne peut plus être pareil qu’avant ! » Immédiatement, cela s’imprime en moi, et ensuite je crée en communion ! Ce qu’elle me dit est toujours très fort, je le laisse m’habiter, par confiance et amour, et on en arrive à cette merveille si originale à la fin de RouJ’ de Cœur ! C’est un exemple… Au fond, c’est le pouvoir du Verbe créateur ! C’est hyper touchant, fort, vertueux et très fécond entre nous : unique, en somme !
Plume doit bien veiller aux textes qu’elle te donne, si tu les médites et les emportes dans ton cœur, ce n’est pas rien… Est-ce conscient entre vous ?
Oui… De toute façon, Plume écrit des textes faits sur-mesure pour le futur de la personne ! (Rires) C’est vrai que je ne connais personne qui écrive ainsi… donc ça, c’est une chose. Et régulièrement, elle demande ce que je vis quand je compose sur tel texte… En fait, je reste très concentrée justement sur tous les ressentis et l’effet que son texte me génère ! Exemple : il me crée le ressenti d’un éclair d’électricité (positive) dans tout mon être, alors je vais le mettre en musique ! Je ne développe pas une pensée sur le moment, mais je le traduis illico, sinon je vais perdre la force, la vérité et la beauté du ressenti ! Je reste donc hyper concentrée dessus. Ce phénomène est devenu une base de confiance, constamment nourrie entre nous : elle crée un texte, et son texte va m’inspirer, c’est une vérité et point ! Dernièrement, elle m’envoie un nouveau texte, et je lui dis : « Je le lis tel jour quand je suis bien dispo, car dès que je vais le lire, il va m’inspirer une musique, alors je veux pouvoir jouer dessus de suite ! »  Et elle me répond : « Oh, alors je vais bien le relire encore une fois, pour vérifier si je suis bien sûre de tout… ! » Je ne sais pas complètement comment cela se passe pour elle, mais c’est sûr qu’elle se base sur la confiance que j’ai envers cette transparence…
Tu veux dire l’immédiateté de l’écho et la résonance entre vous… ?
Oui, c’est tout à fait ça !! 
Savoir qu’un être s’ouvre entièrement à ce qu’on lui donne, cela vaut de lui offrir ce que l’on a de plus pur, sinon ce n’est pas de l’amour… C’est une sacrée responsabilité sur là où chacune mène son art pour l’autre, non ?
Oui ! Et, c’est marrant : son texte RouJ’ de Cœur est totalement universel, car notre but est universel, censé toucher l’humanité – car tous les humains ont ces aspirations à un idéal sur terre – et en même temps, il est totalement individuel ! Cela peut sembler bizarre, mais à chaque fois, j’ai l’impression qu’elle écrit pour moi, et en même temps à l’humanité, ça c’est certain ! Quand je lis ses textes et encore plus si je veux réussir à les chanter, il faut déjà que j’arrête de pleurer… et penser à elle, ah là là… il ne faut pas faire cela ! (Rires) J’ai l’impression qu’elle devine ce que je vis… et pour autant il faut que je coure après, car c’est quand même mon futur ! Pas facile d’expliquer en mots, désolée…
Ne le sois pas, c’est passionnant ! Et quel est le message majeur de RouJ’ de Cœur ?
C’est l’absolue confiance et l’abandon à l’expérience bienveillante de l’incarnation ! Tu as beau parfois te dire : ce n’est pas possible, où est-ce que je suis, je ne vais jamais réussir à vivre ce que je veux le plus dans mon cœur, eh bien… siii ! Le moment où la chanson dit « Toi & moi portons le flambeau », c’est justement ça ! C’est quand tu rencontres la réalité de ton aspiration : peut-être que ton petit ego s’imagine que cela sera comme ci ou ça, et bam ! au moment où tu lâches tout, car c’est ce que tu as de mieux à faire, alors ton « Toi & moi » arrive !
Dans cette chanson, il est question de courage face à ce monde matérialiste, dur et sombre, et tu le chantes de manière très chaude et douce : est-ce ainsi qu’on les gagne ces combats : avec un cœur doux ?
Depuis le début, je gardais cette histoire de rouge « de cœur ». Ce côté vif, ok, mais sans oublier que c’est le cœur. Cela a guidé beaucoup la mélodie et le ton général. Je me suis rendu compte que j’avais moi-même beaucoup de conditionnements sur le mot rouge : on l’associe à la violence, au sang coulé, à la guerre, la passion, aux extrêmes… J’avais des fausses images de ce qu’est la guerre et la guerrière : Kaya en est une, mais ce n’est ni barbare ni sauvage, c’est très maîtrisé ! Elle est bien représentée sur la couverture du roman que Lucidaëlle a réalisée : armée, tout en rouge, et elle regarde vers le bas, en totale humilité et service au monde spirituel… Ce n’est pas ce que l’on croit : les coups de gueule, la brutalité, non ! La douceur a bien plus d’impact que toute violence ! Je trouve cela chouette d’avoir créé une chanson qui dévoile justement ce qu’est vraiment le rouge, la force…
As-tu grandi en amour avec cette chanson ? Et que veut dire pour toi aimer ?
Tout l’E.P. m’a fait grandir en amour ! RouJ’ de Cœur, c’est vraiment la réconciliation avec le fait d’être ici sur Terre, incarnée. Et quant à « aimer », c’est la raison de vivre et une force qui transforme tout, tellement profondément, intimement ! Tout le monde dit : on ne peut pas vivre sans amour, ok… Et qu’est-ce que cela veut dire vivre avec l’amour alors ?! C’est accepter humblement : déjà, je ne suis pas sûre de savoir de ce que c’est ! Quand on lit des vraies chansons, des vrais textes d’amour, on se rend compte qu’il y a une grande ignorance autour de ce sujet. Je suis d’accord avec Peter Deunov quand il parle d’amour, et dit que l’on a besoin d’une personne qui nous aime. (Et il ne s’agit pas ici d’être aimé pour sa petite pomme !) Le fait d’avoir cette confiance d’amour, déjà avec une personne… on passe sa vie à dire merci de pouvoir le vivre ! C’est cela qui fait que l’on ira au bout de la vie… enfin, au bout de la mort pour la transformer en vie !! (Rires) C’est une vaste question…
Oui ! Quand tu peux dire, j’aime cet être, est-ce une action ? Et quel type d’action ?
Ah oui, ce n’est pas passif du tout ! Aimer, c’est faire tous les jours l’effort, c’est éprouver son amour ! C’est forcément actif. Les gens courent après ce truc hyper fluctuant et éphémère, cette petite poussée d’adrénaline, cette petite excitation que l’on confond avec l’amour… alors qu’en fait, à partir du moment où l’on crée cette fondation, où l’on connait la personne, on a confiance en elle, je sais à qui je donne, je sais ce que je donne… et quand on a la providence de rencontrer un être avec qui on peut être tout soi-même, alors cela veut dire que l’on peut donner l’entièreté de soi !! On est toujours écorché de ne pas pouvoir tout donner de soi, car c’est une quête d’absolu, et l’on veut vivre cet ab-so-lu ! Alors, se dire : je peux être absolument moi avec une personne, cela signifie que je peux me donner ab-so-lu-ment à au moins une personne ! Donc, oui, forcément, cela va avec des actions illimitées : il est impossible d’aimer un être et ne pas tester cet amour dans une multiplicité hyper fructueuse de créativités inimaginables ! Car l’amour est multi-créateur, enfin il me semble…
Et MusiKaya dans tout ça… ?
Justement, le projet MusiKaya, c’est la preuve que l’Amour existe ! C’est un résultat de l’Amour entre deux êtres, en l’occurrence. Avoir construit cette base d’amour, de compréhension, de confiance en l’autre, de volonté que l’autre se révèle à travers son art par exemple, eh bien forcément, cela crée un projet qui est déjà mature, ou maturé par cette fondation hyper riche et vivante. L’amour créé entre deux êtres engendre une activité, une créativité, qui est déjà pleine, car elle part d’un plein ! MusiKaya a tout juste trois ans, et on nous dit déjà que c’est un projet qui est poussé très loin… Mais oui ! Justement on a pris le temps de construire cet amour entre nous et ce qui fait que le projet est déjà hyper poussé. En trois ans, qui construit avec autant de conscience, expériences, persévérance, rebondissements et humour (car il en faut) !? Et tout cela, à deux, en rythme… Et pour autant, c’est le fruit naturel de l’Amour !
Quelle part votre Muse a-t-elle dans l’amour que tu vis ?
Au départ, comprendre qu’il y avait une Muse, qui Elle est, ses fonctions, c’était déjà extraordinaire ! Elle est très puissante et je trouve intimidant de penser qu’un tel être chapeaute le projet. C’était un long processus que celui d’être en quelque sorte « fille » de cette Muse sur Terre : c’est très bienveillant, très doux et très respectueux de l’être, mais aussi c’est une grande exigence, car justement, tu choisis ce chemin : ok, je vais transmettre les messages d’une superhéroïne qui correspond à une femme de pureté, de fraternité, d’amour, de guerre sacrée, donc moi, à quoi suis-je prête ? Tous les efforts réalisés seront pour pouvoir un jour regarder notre Muse en face ! Donc, c’est un départ… et au fur et à mesure de tous ces efforts de transformation, d’évolution, de service à Elle, de rencontres et de vœux échangés, pour se dire que c’est pour la vie, il y a eu un moment où tout s’est complété : c’est une image un peu contradictoire, où l’on se sent à la fois fille, sœur et mère d’un être, telle une Muse. Cela peut paraître fou ! Un jour, j’en suis arrivée à ne plus différencier qui sert qui : on la sert, Elle, qui nous sert…
Finalement, aimer serait servir sur terre l’Amour venant de plus haut ?
C’est ça ! Sinon, pour deux personnes, le risque c’est de se regarder l’un l’autre : on se regarde soi-même finalement ! La solution pour éviter ce piège qui mène forcément au non-amour, c’est d’avoir un être plus élevé au centre, un garant de l’esprit en somme ; on peut tout évaluer au regard de ce que l’on comprend d’une Muse, par exemple. Cela élève tout !
Puis, c’est un choix et une responsabilité d’incarner cela jusqu’au bout, ce qui représente aussi des combats… d’où le RouJ’ de Cœur !?
Tout à fait ! Chaque chanson représente une aventure, des transformations multiples, au bout desquelles on ne se reconnait pas, enfin si, on se reconnaît ! (Rires) C’est sûr, du jour où j’ai lu le texte jusqu’à celui où j’ai posé la dernière note, il s’est passé une vie ! Que d’aventures ! Sans cela, j’aurais mis des années à régler ce que j’avais à transformer, et là c’est bam, une chanson ! C’est un engagement. Je me demande : est-ce que je veux vivre cette chanson, tous les combats intérieurs qui vont me permettre de la chanter ?
Un autre artiste pourrait te dire : je te la chante… mais ce n’est pas ton but ?
En effet, il ne s’agit pas d’interpréter ! On le pourrait, mais ce n’est pas le but : le texte ne peut pas être extérieur à soi ! Dès que je me mets à rentrer dans un texte qui vient toucher le cœur de mon cœur, et que je sais que tout le monde a ce cœur, alors c’est impossible de laisser le texte en dehors de moi ! Je pense que, aimer, c’est retrouver tous les êtres, à la fois sur terre et au ciel, pour réaliser le projet que l’on s’est promis d’accomplir ensemble, outre tout ! C’est ma façon de vous parler de RouJ’ de Cœur
Merci !

Univers de MusiKaya

Interview de la compositrice et chanteuse,
Feu d’Or, alias Anne Cariou.

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